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A mon prince disparu
A mon prince disparu
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16 février 2010

Dépression post traumatique

Impossible de faire quoi que ce soit hier soir. J’ai fait au plus simple pour le dîner. Une petite soupe pour moi. Notre puce, ravie, a eu droit à un supplément de saucisses. Je l’ai prévenue que nous irions nous coucher tôt. Pour que cela soit efficace, je l’ai autorisée à dormir dans notre chambre. Je ne suis pas sûre que les psys seraient d’accord mais je ne peux pas faire autrement, j’ai besoin d’elle. Nous étions couchées à 20h30. Je lui ai lu péniblement une première histoire. Elle l’a terminée avec son imagination et n’en n’a même pas réclamé une deuxième. C’est dire à quel point elle a du sentir mon épuisement. Laquelle de nous deux s’est endormie la première ? J’ai dû la battre d’un battement de paupières. Depuis qu’elle dort avec moi, j’ai remarqué que son sommeil est très agité. Comme toi, elle parle en dormant. Elle parle trop doucement pour que j’arrive à comprendre ce qu’elle dit mais elle prononce des phrases entières et cela m’intrigue. Est ce normal ? Le contexte familial y est-il pour quelque chose ? Elle a toujours beaucoup bougé la nuit. Nous l’avons toujours trouvé tête bêche le matin. Sauf que dormant près de moi, elle me réveille parfois en sursaut. Cette nuit, j’ai senti une pression sur mon ventre. Quand j’ai ouvert les yeux, elle était agenouillée devant moi, une main pressée sur mon ventre, les yeux mi-clos. « Est-elle somnambule ? », me suis-je demandé, un peu effrayée. Elle cherchait tout simplement une position pour se recoucher. Elle a spontanément posée sa tête sur mon ventre et s’est rendormie profondément. Elle n’a eu l’air de ne s’apercevoir de rien. Ce n’est pas la première fois que je la vois à moitié levée dans son lit, les yeux mi-clos et murmurant des choses que je n’entends pas.

Dimanche dernier après la messe, j’ai salué le prêtre qui a baptisé notre puce et qui a célébré tes funérailles. Il m’a demandé comment j’allais. Je n’ai pas eu envie de lui mentir et je lui ai dit que je n’allais pas très bien en ce moment. Les humains quels qu’ils soient n’aiment pas qu’on leur fasse ce type de réponse. Il m’a chaleureusement pris la main mais a été un peu surpris par ma réponse. « Mais sinon, vous avez des amis, de la famille, des personnes qui peuvent vous aider à vous organiser ? ». « Je n’ai aucun problème avec l’organisation de ma vie grâce à la solidarité de ma famille, de mes amis, de mes voisins, de tout le monde. Je n’arrive simplement pas à m’habituer à son absence. C’est cela qui est dur, faire face à l’absence ». Il a hoché la tête en signe de compréhension mais n’a rien pu me dire. Que peut-il y faire ? Même un prêtre ne peut rien contre ce que je vis. Il m’a proposé de le contacter si besoin. Je suis sûr qu’il a été soulagé que je prenne congé sans insister davantage. J’imagine qu’il doit faire pour moi ce qu’il sait faire de mieux : prier. Je ne lui en veux pas. Je serai moi-même incapable d’apporter une réponse adéquate à une personne en deuil. Que peut-on y faire d’ailleurs ? La mort a ceci de particulier qu’elle est irréversible.

Les jours s’allongent. D’habitude cela me met en joie. Fin de l’hiver, annonce des beaux jours. Cela me redynamise d’ordinaire. Ce matin avant d'arriver sur mon lieu de travail, je suis allée à la boulangerie et j'ai acheté une formule: 3 pains au chocolat pour 1€90. J’ai recommencé à lire dans les transports, le livre de Christophe Faure que j'avais interrompu en plein milieu. Le hasard faisant particulièrement bien les choses, j’ai repris mon livre au moment où l'auteur parle de la colère. Inutile de mentir, je t’en veux. Je t’en veux de ce que tu nous obliges à vivre ta fille et moi. Je m’en veux de ne pas avoir réussi à te protéger. J’en veux surtout à Dieu d’avoir permis que tu souffres autant. J’ai compris avec Christophe Faure que ce que je vis depuis quelques semaines est normal. Cela s’appelle une dépression post traumatique. Mon envie de mourir, mon incapacité à me projeter dans l’avenir et même mon incapacité à me dynamiser à travers notre puce, fait partie du processus normal du deuil. De le lire m’a rassurée. Je me disais que notre puce n’avait vraiment pas de chance. Son père se donne la mort et sa mère veut le suivre. Comment est-ce possible alors que nous l’avons désirée et que nous l’aimons profondément ? C’est comme cela, c’est tout. Cela n’a rien à voir avec l’amour que je lui porte. Cela à avoir avec ton absence et la violence de ton geste. Je ne suis pas que la mère de notre puce. Je suis aussi ta femme.
Ce soir avant de reprendre les transports, j'ai racheté 3 pains au chocolat pour 1€90.  Avec mes 10kg en moins, 6 pains au chocolat dans une journée n'ont aucune importance.

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Commentaires
T
J’ai lu attentivement votre commentaire Magali et je me suis vue quelques années en arrière. Après une enfance et une adolescence que je ne souhaite à personne, j’ai connu une phase d’autodestruction qui m’a fait galérer professionnellement et d’un point de vue relationnel. Les personnes qui vont mal rencontrent malheureusement très facilement des personnes qui vont les détruire davantage. Après 3 années de vie avec un psychopathe, moi aussi, comme vous j’ai ouvert une beau jour une fenêtre. Je me suis enfuie du jour au lendemain de l’enfer où j’étais, bien décidée à prendre ma vie en charge. Je ne voulais plus faire confiance à personne. J’ai repris mes études et…j’ai rencontré mon mari. Il m’a appris à aimer et surtout à m’aimer un minimum. Il m’a appris à vivre et à aimer la vie malgré mes blessures. J’ai réussi mes études et ai trouvé un vrai travail qui me plait. J’ai dévoré des livres, suis devenue presque une vraie cinéphile. J’ai fait de la danse pour moi mais surtout pour lui. J’étais fière de lui montrer que je m’étais réapproprié mon corps martyrisé. Comme votre sœur, je l’ai épousé et ai eu mon premier bébé :D ! Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de compter jusqu’à trois. Mon prince charmant est parti emportant mon bonheur avec lui. Le répit est fini. Le malheur m’a retrouvée. J’ai fini de rêver.
C
Il en faut pour toutes les épreuves que vous avez traversées... du courage, de la patience et l'amour de votre Puce.<br /> <br /> Céd.
J
la colère est une réaction et un passage "obligés"<br /> courage
M
Chère... princesse :) (désolée mais je ne connais pas votre prénom !)<br /> <br /> Ce long message n'aura peut-être pas beaucoup de force communicative mais je vais quand même essayer d'apporter mon témoignage de "sur"vivante pour vous faire comprendre que la victoire sur la mort reste possible...coûte que coûte..et qu'un jour on est à nouveau heureux de vivre, que la tentation de suicide s'éloigne pas à pas...<br /> <br /> Il y a presque 8 ans à présent que mon ami m'a quittée sans raison apparente tandis que nous venions juste de signer un pacs et que j'abandonnais tout pour le suivre en Bretagne ( brr..j'ai été mutée dans le finistère en plus où il pleut toujours ;) Une installation sans lui dans une souffrance sans borne; j'étais seule face à une totale disparition sans aucune explication : impossible même de lui parler au téléphone. Refus catégorique. Impossible donc de faire le deuil, parce qu'aucune explication ... bref, j'ai fini par devenir folle de douleur avec chaque jour l'obsession de la mort en moi...plusieurs tentatives de suicides ont échouées, une encore aprés la mort de mon père ... J'ai vécu 4 ans là-bas, sans personne.. Pourtant, deux ans aprés son départ, en ouvrant la fenêtre j'ai eu un " flash", une sorte de certitude : un jour, j'ouvrirai à nouveau une fenêtre et je me dirais: " ça y est, je ne souffre plus de son absence, je l'ai presque oublié...je suis vivante " !<br /> Ca a prit du temps, mais ça s'est réalisé !<br /> <br /> 3 ans m'ont été nécessaire pour ne plus sentir la douleur de son absence et pour envisager éventuellement une nouvelle histoire .. Chaque jour j'ai vécu ce combat de la mort en moi...jusqu'à ma mutation dans le sud qui m'a redonné goût de vivre... <br /> Le danger avec les tentations de suicide, c'est qu'elles se tapissent souvent dans l'ombre, attendant une faille gigantesque de notre vie pour ressurgir.. Alors il faut apprendre à vivre avec la mort, avec le vide, pour devancer les crises...et les dépasser. Et j'y suis arrivée ... Aujourd'hui, je vais bien mieux, la musique et mes élèves m'ont beaucoup aidé, il faut le dire. <br /> <br /> Ayez la certitude de ce jour : il est déjà là, dans une minute d'oubli, il viendra, c'est mathématiques, c'est obligatoire, parce qu'on est fait comme ça ! Il faut juste être patient, y croire, et vous battre pendant toute la durée de votre deuil. On ne peut condamner le passage à l'acte de quelqu'un ; la violence d'une crise est parfois si fulgurante que la raison humaine ou les sentiments sont parfois bien faibles pour tenir en vie, hélas vous l'avez appris... Alors avancez le dos courbé s'il le faut, à petits pas, mais ne vous arrêtez pas ! Je vous promets la victoire. Votre petite a tellement besoin de vous!Lorsque vous serez sortie de l'impasse, vous serez le témoignage de la vie sur la mort, pour ceux qui sont dans la même situation que vous! Ma soeur a perdu celui qui allait devenir probablement son mari ( ils vivaient ensemble depuis 4 ans ) Il s'est tué dans un accident de moto.. A sa mort elle a tout quitté pour aller vivre en irlande. Là - bas elle a reconstruit sa vie : Aujourd'hui elle a un mari et trois bambins :D !<br /> Elle est heureuse ( je crois ) ! Elle a survécu à la disparition de celui qu'elle aimait !<br /> Ne baissez pas les bras; je vous en supplie: vivez ! Vous verez: le bonheur reviendra !<br /> Bises<br /> Magali
A mon prince disparu
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