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A mon prince disparu
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26 janvier 2010

Sursis

Déjeuner à l'extérieur avec les collègues, histoire de sortir de la routine. Cela ne me dérange pas d'aller au restaurant avec eux car j'ai recommencé à manger. Je ne maigris même plus.

L'ambiance était joyeuse. J'ai plaisanté, sourit et éprouvé du plaisir à manger. Des mots ont fusé, ça et là, de part et d'autre de notre longue tablée. "Sarkozy", "Véolia", "Grippe A", "Statut et rémunération"... J'ai regardé les personnes en face de moi. Beaucoup s'enflammait, essayait de convaincre les autres. J'ai réprimé un soupir. Tous ces discours me semblent si loin de mes pensées. Je regardais mes collègues à tour de rôle et souriais pour donner l'impression que j'étais intéressée par leurs propos. Qu'ai-je à faire de Sarkozy? Du public et du privé ? De la rémunération des enseignants chercheurs ? Des histoires que chacun a vécu dans les centres de vaccination anti-grippe A? La dernière fois que quelquechose m'a émue, c'était le tremblement de terre à Haïti. J'ai été bouleversée en pensant à toutes ces personnes ensevelies dans l'attente d'un secours. J'ai pensé surtout aux personnes qui se sont relevées et qui ont appris qu'un de leur proche est mort.

Tandis qu'ils continuaient leur blabla, j'ai regardé chacun de mes collègues. Se souviennent-ils qu'ils vont mourir? En ont-ils conscience ? Qui sera la prochaine personne autour de cette table qu'on enfermera dans un cercueil? Qui la mort va t-elle faucher en premier? Combien de temps reste t-il à chacun de nous avant de mourir? J'ai l'impression de posséder quelque chose que mes collègueséz" n'ont pas. Moi, je sais. Je sais que la mort rôde au-dessus de nos têtes, qu'elle est prête à frapper de sa faux à n'importe quel moment. Je le sais. Elle s'est manifestée à moi il y'a quatre mois. Je croyais le savoir mais tant qu'on ne l'a pas rencontrée, on ne peut pas savoir. On n'y pense pas, on oublie, on refoule cette pensée.

J'ai aussi regardé l'annulaire de mes collègues. Quelques unes des femmes ont des alliances. D'autres ne sont pas mariées mais ont des compagnons. Seront-elles veuves comme moi ? Connaîtront-elles comme moi les affres de la séparation ? Se rendent-elles comptent que d'un jour à l'autre, leur vie peut basculer?

Nous sommes tous des vivants en sursis. Contrairement au loto, Il n'y a pas de perdant. Nous avons tous gagné le gros lot pour l'au-delà.  La mort, à qui le tour?

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