Martin

"Nous sommes des survivants temporaires"

"La folie, c'était de ne pas donner tout ce que l'on pouvait aux siens quand ils étaient vivants, la folie c'était de ne pas comprendre que la mort peut les saisir et qu'elle ne laisse rien."

"Jamais je ne m'habituerai à la mort. Jamais je n'accepterai l'injustice qu'est la fin d'une vie d'homme. Jamais."

"Je ne me suis pas tué. J'ai voulu. Je n'ai pas pu : on a veillé sur moi...Qui me rendra leur vie? Qui me rendra la vie? [...] Je ne me suis pas tué. Je parle, je mange, j'agis [...] Pourquoi, pourquoi moi? [...] N'avais-je pas assez payé mon tribut aux hommes, au destin? Pourquoi? Je parle : je dis le récit de ma vie pour comprendre cet enchaînement de folie, de hasards, ces malheurs m'écrasant.[...] Je suis vivant, du sable jaune dans la bouche, du sable au goût de mort. Pourquoi?"

"Je marche, j'écoute ces cris en moi, ma tête éclate. Mais je vis. Je suis redevenu un homme double, présent au monde et mort en moi."

"Je me suis terré des jours entiers au fond de mon malheur.[...] J'avais connu la barbarie et le bonheur, la mort et la vie. Je savais dans ma chair, dans mes yeux, que tout ici est possible, les bourreaux et les hommes."

"Oui, j'ai montré mes morts, oui, j'ai jeté dans l'encre et sur les écrans, les miens, oui, j'ai osé crier mon deuil et m'appuyer sur lui."

"Je vis, j'agis, je vais.[...]Mais toutes les forteresses sont fragiles, provisoires. Je marche encore : je ne veux pas vivre pour moi. A quoi cela sert-il?[...]Je mêle tous les visages. Je ne suis rien que ce qu'ils m'ont fait, que ce qu'ils m'ont donné ; je n'existe que par ce que je leur ai donné. Seul, je suis vide."

Ces paroles sont extraites du livre de Martin Gray, Au nom de tous les miens. Il ne raconte pas mon histoire mais ses mots disent mon vécu, ma souffrance, mes pensées, mes ressentis. Il ne me connaît pas mais il est mon frère, mon double. Notre histoire est totalement différente dans les faits mais elle est semblable dans le déroulement. L'horreur absolue. Puis, le bonheur qui arrive après une lutte acharnée. La paix, la joie de vivre, l'espoir en l'avenir, des rêves pleins la tête, la Vie...Et à nouveau le malheur qui s'abat . Encore la souffrance, encore les pleurs, encore l'incompréhension.

Le moment venu je regarderai le film tiré du livre. J'ai reçu le DVD il y a 15 jours. J'attends encore un peu avant de le regarder.

Comments

[Mnémo]

Et de mon coté, pas très sûre de l'orthographe du nom, j'ai recherché ma source : en fait l'histoire est de Léon CHESTOV !. Tchekhov s'est intercalé sous mes doigts sur le clavier...

Les soufis (des "mystico-hérétiques" musulmans) ont un joli proverbe assi dont le sens est : "Vis comme si tu devais à la fois vivre éternellement et mourir à l'instant"

cordialement Reine

[Ta Reine]

Je ne connaissais pas l'histoire de "L'Ange de la mort", je ne connais même pas Léon Tchekov. Par contre, mon mari était fou de Anton Tchekhov.Il avait même réussi à convaincre son prof de théâtre de faire jouer à sa troupe une des pièces de cet auteur. C'est pourquoi, j'ai été amusée que l'auteur que tu cites porte un nom proche d'un des auteurs préféré de mon prince.
Quoiqu'il en soit, il est possible que mes yeux aient été changés par cet Ange de la mort. Il y a trois jours, une de mes collègues me parlait de son angoisse de mourir, de la manière dont elle essayait de ne pas y penser car cela l'effrayait au plus au point. Elle ne sait pas que j'ai perdu l'homme de ma vie. Je lui ai répondu que cela ne servait à rien d'avoir peur car inéluctablement nous allions tous mourir. Tous, riches ou pauvres, Noirs ou Blancs, Jeunes ou vieux, tous nous allons y passer. Elle a finit par dire ce que je me répète depuis des mois à savoir que à chaque seconde nous sommes des survivants et que la mort peut survenir à n'importe quel moment. Même ma fille de 3 ans et demi se met à répéter mes discours à savoir que la mort fait partie de la vie. Merci pour cette référence qui correspond tout à fait à ce que je vis.

[Mnémo]

Reine d'avoir recopié ces quelques passages qui, malgré la distance du temps, me touchent aussi, comme toi, toujours autant.

j'en profite pour te dire aussi que la grande faucheuse dont on a peur "avant' puis qu'on "emmerde", un jour devient douce dans l'idée de la rejoindre. mais sans être pressé. C'est de toute façon la seule certitude de notre existence : on passera en son sein.

je en sais pas si tu connais l'histoire de léon Tchekov - je dois me tromper dans l'orthographe - : "l'Ange de la Mort" grosso modo, il est dit que parfois, l'Ange de la Mort vient pour prendre une personne et lorsqu'il y en a une autre à coté, l'ange reçoit l'ordre de prendre une paire d'yeux sur ses ailes qui en portent mille paires et d'un gest pftttt, il change les yeux de cette personne qui reste. Ces nouveaux "yeux" changent progressivement son regard ...

je t'embrasse du fond du coeur
m.