Sur ta tombe

Je suis retournée sur ta tombe aujourd'hui. J'ai continué ce que j'ai commencé la semaine dernière à savoir jeter les fleurs mortes, recomposer des bouquets avec les fleurs restantes. Je veux que ta tombe soit aussi belle que les autres. Il est vrai que ce cimetière est vraiment bien entretenu.

Je croyais que tu étais le plus jeune dans ce lieu. Je me suis aperçue la semaine dernière que je me trompais. Non loin de toi, j'ai été intriguée par une tombe sur laquelle étaient posés un petit hérisson et un petit lapin. Intriguée, je me suis approchée et j'ai compris. Cette tombe est celle d'une petite fille née en 1996 et morte en 1999. 3 ans ! Mon Dieu, je pense à ses parents, à sa famille qui l'a accueillie et qui ne demandait qu'à la voir grandir. Je laisse sa tombe et retourne vers la tienne. Je me demande combien nous sommes à souffrir autant...

«C'est rigolo les cimetières.» Notre puce prend son rôle très au sérieux. Elle est chargée d'aller mettre à la poubelle les fleurs mortes que je lui donne. Aujourd'hui, je n'ai pas fait la même erreur que la dernière fois. J'ai prévu de ne pas rester trop longtemps. Elle est encore trop jeune pour prendre conscience du lieu où nous sommes. Je lui ai expliqué la dernière fois qu'on ne pouvait pas sauter d'une tombe à l'autre pour s'amuser. Apparemment, le message est passé. «Je t'aime fort mon chéri». Elle a fait un mixe entre mes dernières paroles et celles qu'elle avait l'habitude de te dire : «Je t'aime fort papa».

Curieusement, je pleure peu face à ta tombe. Je suis concentrée sur le nettoyage de ta tombe et j'en oublie ton corps décomposé sous la terre. Je te vois toujours comme tu étais. Tes beaux cheveux noirs, tes petites lunettes, tes rondeurs, ta voix grave,...Quand je suis au cimetière, tu es vivant. Tu veilles sur moi et notre puce. Je ressens un grand calme et je reprends espoir. L'espoir de te revoir un jour dans un autre monde. Il m'arrive même de sourire en pensant à nos retrouvailles. Alors je me dis que je dois d'abord m'occuper de notre puce et qu'ensuite ma mission terminée, je pourrais aller te rejoindre. Tu m'attendras et comme tu l'as toujours fait, tu me rassureras. Tu me tendras la main et nous continuerons notre histoire pour l'éternité.

Attends moi et donne moi la force d'être patiente.

Comments

[bernadette]

bonjour
je suis ému par votre texte car j'ai vécu la même chose en 1987 alors je vous comprend et je vous dit courage car la vie continu et la douleur s'estompera petit à petit sans jamais oublier mais en recommençant tout simplement
amicalement
bisous