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A mon prince disparu
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22 octobre 2009

Trois hommes et une femme

Aujourd'hui une de mes collègues est venue me voir. C'est une collègue que j'aime beaucoup, que j'aime comme une amie. Elle a ce point commun avec toi, mon prince, être quelqu'un de profondément gentil, par nature et non par obligation ou par éducation. Ce trait de caractère m'a souvent énervée chez toi. Ton besoin systématique d'expliquer ou d'excuser le comportement négatif des autres, de relativiser, ton incapacité à en vouloir à quelqu'un. Contrairement à moi, tu ne connaissais pas la rancune. Ma collègue est encore pire que toi. Elle tend la joue gauche avant d'avoir reçu un coup sur la droite. Beaucoup au boulot ont du mal à la supporter.

Elle est arrivée avec un cadeau pour notre puce et un magnifique bouquet de fleurs pour moi.

J'avais besoin de la voir car je savais qu'elle aurait des mots pour me faire du bien et pour me faire tenir un peu. Par dessus tout, j'avais besoin de savoir comment elle avait fait pour être encore vivante après avoir enterré trois maris. Deux sont morts de mort brutale, un de maladie. Elle m'a répondu de sa voix douce, «Je suis encore ici mais j'ai survécu à une dépression et à un cancer. C'est mon corps qui a réagit»

Son histoire m'a bouleversée. L'amour qu'elle a pour les autres aussi. «Je crois en l'homme» m'a t-elle dit. «Moi pas» lui ai-je répondu et j'ai repensé aux policiers qui se sont moqués de moi, de notre fille et de ta famille.

Nous avons parlé du deuil, de spiritualité, de religion, du désir de mourir (qu'elle a eu aussi), des sottises que les autres peuvent nous dire (quelques jours après ton enterrement, une de tes amies m'a dit le plus naturellement du monde, «Et puis tu sais, tu peux aussi rencontrer quelqu'un d'autre»).

Je lui ai dit que j'attendais avec impatience le moment d'aller te retrouver, que c'était presque une obsession. Elle m'a dit qu'elle comprenait mais que son grand regret était de ne pas avoir eu d'enfant avec son dernier mari, celui qu'elle a le plus aimé. J'ai regardé notre puce et ai dit à ma collègue  «C'est le plus beau cadeau que nous nous sommes fait».

Je n'avais pas envie qu'elle s'en aille. J'aurais voulu qu'elle reste encore et encore. Comme un enfant qui retient ses parents dans sa chambre au moment du coucher, j'ai trouvé 1000 prétextes pour la retenir. Il a bien fallu qu'elle s'en aille.   

Tout ce qu'elle m'a dit m'a fait du bien...pour un temps, mais c'est déjà cela.

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