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A mon prince disparu
A mon prince disparu
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25 novembre 2009

Je suis là

Le soir en semaine c'était toi. Tu finissais plus tôt que moi. Tu allais chercher notre puce chez Nounou et tu préparais à manger. Conserves, restes accommodés, salades composées,...Tu faisais au plus vite. Nous étions tenus par les horaires de coucher de notre puce.

Le dimanche c'était moi. Données par les amies ou les collègues, cherchées sur Internet, mes recettes te régalaient. C'est pour toi que je cuisinais entrées, plats principals et desserts. C'était un vrai plaisir de te voir te resservir ou t'entendre me complimenter. Tandis que j'étais occupée à la cuisine où tu n'avais pas le droit de mettre les pieds, tu jouais avec notre puce. Il vous arrivait même parfois d'aller à la piscine. J'étais tranquille et vous étiez heureux. Alors qu'en semaine nous dinions en cuisine, le dimanche, nous nous installions dans la salle à manger. Notre puce et toi étaient chargés de mettre la table. Nous commencions toujours par un apéritif. Nous avions tout notre temps, c'était notre petit rituel dominical.

Dimanche dernier, pour la première fois, j'ai pensé que ce serait bien de recommencer. J'avais prévu un petit menu très simple pour nous deux. Notre puce n'a pas ton appétit et je recommence à peine à manger. L'idée était juste de nous retrouver dans la salle à manger. J'ai commencé à cuisiner en oubliant que notre puce se retrouvait seule face à elle-même. Elle n'a pas arrêtée de me solliciter pour jouer ou pour lire. J'avais oublié ce que signifiait ton absence. Je me suis approchée d'elle et me suis accroupie en la prenant dans mes bras. J'ai voulu lui dire que je ne pouvais pas être à la fois à la cuisine et avec elle, que je cuisinais pour toutes les deux afin que nous ayons un dimanche comme les autres, qu'il fallait qu'elle apprenne à vivre sans son papa,...J'ai commencé à parler :

- Tu sais, ma puce, maintenant je suis toute seule et...

- Mais je suis là !

Un sourire est venu éclairer ma face et un sentiment de bonheur a rempli mon cœur. Notre puce me regardait sans comprendre pourquoi je lui disais que j'étais toute seule. Oui, c'est vrai, elle est là. Je ne suis pas toute seule. Je suis sans toi mon prince. Sans toi, je ne suis rien. Avec elle, je suis une mère qui adore sa fille, qui veut son bonheur et qui a besoin de ses petits bras autour de son cou.

Oui ma fille, tu es là. J'ai besoin de ta présence autant que tu as besoin de la mienne. Je t'ai donné la vie dans la souffrance. Je me souviens des contractions si violentes qu'elles ralentissaient ton rythme cardiaque, faisant naître un sentiment d'angoisse chez les soignants. Tu es née par césarienne après des heures de souffrance, le médecin ayant jugé bon d'attendre le plus longtemps possible avant de choisir ce mode d'accouchement. Nous avons traversé cette épreuve toutes les deux. Ton père était présent, impuissant, essayant par ses mots tendres de calmer ma douleur. Il n'avait pas été autorisé à descendre en salle de travail. Cela l'avait beaucoup frustré. Il avait attendu seul assis sur une chaise qu'on vienne le prévenir quand il serait père.

3 ans après, c'est toi ma puce qui me donne un souffle de vie. Nous souffrons à nouveau toutes les deux. Quelque part la voix de ton père nous souffle «Je suis là».

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Commentaires
B
je viens toujours sur votre blog et surtout votre histoire et j'ai toujours autant de mal à lire sans en avoir le coeur serrer ... vous allez y arriver avec le temps courage à vous 2<br /> amitié
A mon prince disparu
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