Des raisons pour lire

J'ai commencé par Le Passeur, un livre de littérature jeunesse que m'a prêté ta sœur Laurence. J'ai bien aimé ce livre même si je ne suis pas fan de science fiction. Les personnages nous font évoluer dans un monde qui se veut parfait mais qui est terrifiant par son manque total de tout. Ce livre ne laisse pas indifférent mais donne à réfléchir.

J'ai continué avec Grâce et dénuement, d'Alice Ferney. Magnifique histoire d'une bibliothécaire, ancienne infirmière, mariée et maman, qui entreprend chaque mercredi d'aller faire la lecture aux enfants d'un camp de gitan. Avec elle, le lecteur fait connaissance avec un monde différent. Les personnages sont tous attachants. Les hommes qui tentent par différents moyens de subvenir aux besoins de leur famille, les femmes différentes et solidaires, la grand-mère personnage central que l'on respecte, les enfants fascinés par ces livres qu'ils ne savent pas lire et qui amèneront les adultes à accepter cette gadjé. On découvre aussi leur résignation face aux injustices dont ils sont l'objet. Pour autant, les personnages ne sont pas des Saints. Ils sont tout simplement humains. Il me reste une quarantaine de pages à lire. Je te l'aurais bien passé ensuite. Je suis sûre que tu aurais aimé.

J'ai commencé Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Je l'ai pris à la médiathèque après avoir entendu ta sœur Laurence en parler à ta famille. La narratrice est une petite fille qui vit avec son père avocat, son grand frère et leur servante Noire dans le sud des États-Unis. Peu à peu, la famille doit faire face à l'hostilité du voisinage qui n'accepte pas que le père défende un jeune Noir accusé du viol d'une femme blanche. Écrit au moment de la lutte des Noirs pour les droits civiques, ce livre a reçu le prix Pullitzer en 1961. J'aurais aimé que nous en parlions ensemble. 

Je m'attaquerai ensuite aux livres que j'ai reçu il y a quelques semaines. La lecture a toujours été pour moi un refuge, un moyen d'évasion. Toute petite, je fuyais l'univers familial grâce aux histoires que je lisais. J'arrivais à me couper du monde et à tenir en attendant des jours meilleurs. J'ai continué adolescente quand ma différence me coupait des autres. J'ai continué à 20 ans en plein cœur de l'horreur. J'ai continué avec toi et je t'ai communiqué mon amour des livres. Comme tous les nouveaux convertis, tu avais fini par lire plus que moi. C'était un plaisir de partager ensemble nos dernières trouvailles littéraires. Je continuerai sans toi. Pour mon plaisir. Comme avant. Pour me couper du monde. Pour notre puce. Pour oublier. Pour me rapprocher de toi.