Une histoire d'escargot

Je suis en chute libre depuis une semaine. Partie ailleurs, prête à éclater en sanglots pour un oui, pour un non. Je sais pourquoi. Je m'y suis préparée. Malgré tout, cette fameuse date anniversaire fait son effet.

Sur le chemin de l'école ce matin:

- Regarde ma chérie, un escargot

- (Sourire radieux) Oh ! Je vais le prendre

- Mais non, laisse le tranquille. (Bon sang, dépêche-toi, j'ai mon bus à prendre). Allez, allez, on y va

- Mais, si je vais le prendre, je vais le donner à ma maîtresse

- Mais non, voyons!

- Mais si, on le met dans un akrarium

- Un akra...un aquarium? Quelle drôle d'idée de mettre des escargots dans un aquarium!

Nous passons devant la classe de notre puce pour aller suspendre son manteau. J'aperçois trônant au milieu de la salle un aquarium. Tiens un aquarium?

Notre puce et moi échangeons de gros bisous et je sors pour aller rattraper mon bus. Un papa arrive en sens inverse avec sa petite fille.

- (Sourire radieux) Oh regarde papa, un escargot

- Ouais, ouais, dépêche toi!

- Je vais le donner à la maîtresse

- Oh oui bonne idée !

Une boule de tristesse m'écrase le cœur. "Ma pauvre puce, elle qui était tellement contente à l'idée de ramener un escargot à sa maîtresse. A cet âge là, on aime tellement faire plaisir à sa maîtresse. Et moi qui ne l'ai pas crûe. C'est une autre petite fille qui va ramener son escargot."

Je retrouve Agnès une voisine d'un autre immeuble devant l'arrêt de bus. «Ca va?». Je lui fais part de mon chagrin. Elle hausse les épaules.«Demain il va pleuvoir, t'en ramassera plein des escargots». Elle enchaîne directement sur son histoire de travaux dans son deux pièces. Elle m'a déjà raconté son histoire et en plus je m'en moque de ses travaux. Demain c'est mercredi et il n'y a pas d'école. Je pense à toi. Autrefois, quand la tristesse m'envahissait, j'ouvrais mon ordinateur et t'envoyais un mail. C'était notre petit secret, nous écrire sur notre lieu de travail. Tandis qu'Agnès continue son bavardage, j'essaie de ravaler mes larmes.

Une envie subite m'a poussée à aller prendre une tasse de thé dans la cuisine avec mes collègues. D'habitude, je vais directement m'installer devant mon ordinateur. Je m'assied avec eux, sirote ma tasse. A la première occasion, je raconte mon histoire d'escargot. J'ai besoin de partager ma tristesse. Mes collègues me regardent étonnés et rapidement la conversation dévie sur la cruauté des enfants envers les animaux. Tout le monde éclate de rire. Chacun a un souvenir à raconter sur un animal. Ce petit moment de détente apaise mon chagrin. Je réalise que derrière cet escargot non ramassé, c'est ta mort que je pleure. Je me rends compte que cela fait un an que tu nous quittées notre puce et moi.

Durant ma pause déjeuner, je vais acheter une peluche et un serre-tête Hello Kitty pour notre puce. Pour apaiser mon cœur inconsolable.

Comments

[AlexandraToday]

Parfois, on n'est pas disponible pour écouter nos enfants ou les compendre dans leurs désirs : souvent, mes fils me disent : " Maman, tu n'as rien écouté de ce que j'ai dit ". Alors, j'explique où j'ai la tête, et je m'excuse. Et je suis à l'écoute le fois d'après. Reine, tu as de bonnes raisons d'"être dans ta tête "...