Fête des vivants

Samedi, le parrain de notre fille a quitté sa région pour venir passer la journée avec notre fille. Il est arrivé pour le déjeuner pour la plus grande joie de notre puce. Nous avons parlé de ta famille, de ta sœur, de ton père, de ton autre sœur, de ton beau-frère. Parrain m'a dit que depuis ton décès, il essayait de privilégier les relations qu'il a avec les autres, qu'il a pris conscience que rien ne dure et qu'il est devenu plus philosophe.

Dans l'après-midi, nous sommes descendus dans le petit parc de notre immeuble. Comme tous les week-ends le groupe de voisines de l'immeuble dans face était assis face au bac à sable . Elles nous ont jeté des regards curieux. J'avais dit un jour à l'une d'elles que tu étais mort. Je suppose qu'elle l'a répété à son groupe. Sous le regard de ces commères, l'idée m'a effleurée qu'elles devaient prendre Parrain pour mon amant ou mon nouvel ami. Cela m'a fait peur et mal à la fois. En l'espace d'une demi-seconde, j'ai cherché une phrase, un geste qui pourrait les détromper. Puis j'ai haussé les épaules. Tout cela n'a aucune importance.

Dimanche, mon père a ramené notre voiture. Grâce à son copain garagiste, les réparations ne m'ont coûtée que 300 € au lieu des 1500 € demandés par le garagiste que j'avais rencontré. J'étais fière de raccompagner mon père à la gare en voiture. Ma famille m'a toujours prise pour une débile mentale. Avant même que je passe mon permis, tout le ponde était persuadée que je ne l'aurais pas. Sur la route, mon père m'a conseillée de jouer au loto de temps en temps, «pas beaucoup, tu joues deux euros une fois de temps en temps». Je n'ai pas répondu. Il a insisté mais j'ai éludé. Ses obsessions de richesse le hanteront jusqu'à la fin de ses jours. Il ne peut pas comprendre que dans le monde où je suis, cela paraisse si dérisoire.

Lundi, mes parents nous ont emmenées notre puce et moi sur ta tombe. Ils voulaient y déposer des chrysanthèmes. Nous ne sommes pas restés longtemps car notre puce était impatiente de retourner à la maison. Ma sœur Sylvaine qui est aussi sa marraine, avait promis de passer nous voir. Elle est arrivée au milieu de l'après-midi avec mes nièces et mon beau-frère. Notre fille qui les attendait depuis la veille, en a pleuré de joie. Une vraie fontaine. Elle était dans mes bras et pleurait à chaudes larmes.

J'avais préparé une belle table de goûter. Nous avons ri, discuté, philosophé. Parfois je t'ai évoqué. Ce fût un bel après-midi. Mes parents sont partis les premiers. Ma sœur et mon beau-frère ont suivi une heure après. Notre puce et moi sommes allées nous coucher, épuisées mais heureuses.

Ce soir, notre fille dort chez mes parents. Une esthéticienne à domicile est venue à la maison. Je me suis offert un soin du visage et un soin des pieds.

Je voulais que ce week-end soit la fête des vivants.

Comments

[jany]

je ne dirai pas mieux que minoc...
s'endormir heureuses toutes les deux!

[Minoc]

BRAVO Reine pour ce week-end bien rempli et plein de vie. Il faut en profiter quand l'énergie est là.