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A mon prince disparu
A mon prince disparu
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10 octobre 2009

Bonjour, je m'appelle Reine...

Après moult hésitations, j'ai fini par me rendre à mon premier groupe de paroles pour veufs et veuves.

La semaine dernière, j'ai rencontré une bénévole de l'association Face au Veuvage Ensemble Continuons (FAVEC). J'y suis allée comme j'étais, triste, les idées noires, sans espoir, perdue. La dame qui m'a accueillie a été très à l'écoute. J'ai pu lui parler sans pleurer. Lui raconter les détails de ton hospitalisation, ta disparition, la découverte de ton corps mort 3 jours plus tard. Elle n'a été ni intrusive, ni larmoyante. Elle a été juste et humaine. Elle m'a parlé de groupes de paroles qui débutaient le 10 octobre. J'ai pris le bulletin d'adhésion et l'invitation au groupe  comme j'aurais pris autre chose. Ce qui m'a marqué chez cette bénévole, c'est son élégance. Elle était vêtue très simplement mais avec beaucoup de goût. Son maquillage quoique un peu trop forcé la rendait très belle. J'ai pris cet effort de présentation comme une marque de respect pour moi plus que pour elle-même. Je me suis alors rendue compte de la pauvreté de ma mise et de mon apparence. Je me suis promis de faire des efforts. Pour moi, pour les autres et pour toi, mon prince.

J'étais vêtue en noir. J'ai du mal à porter des couleurs vives depuis ton décès. Je me suis maquillée légèrement et parfumé. La tête de déterrée que je traîne depuis des semaines avit à peu près l'air de quelque chose. Bonne idée que j'ai eu là...

Nous étions un dizaine. J'étais la plus jeune en âge mais aussi la plus jeune endeuillée. Certaines ont perdu leur conjoint depuis près de 20 ans. Même si la douleur est présente, j'ai ressenti chez la majorité d'entre-elles un retour à la vie. Un désir de vivre qui n'existe pas chez elles. Elles ont décrit les étapes de leur parcours. Le thème d'aujourd'hui était l'annonce de la mort. Je n'ai pas ouvert la bouche. Les événements sont encore trop récents.

Je me suis exprimée lorsque nous avons abordé le thème des conseils donnés par les autres. «Il faut que...», «Tu dois...», «Tu n'as pas le droit». Je sais que ces personnes me veulent du bien mais j'en ai marre qu'on me dise que je dois aller bien. Que je n'ai pas le droit de me laisser aller à cause de notre puce. Ce discours je l'ai entendu à chacun de tes épisodes dépressifs. Je me devais d'aller bien quand tu allais mal. Je n'ai pas le droit d'être malheureuse parce que notre puce a besoin de moi.

Et bien moi je décrète que j'avais le droit de craquer quand je devais tout porter, tout gérer et que tu n'avais plus aucune énergie pour quoi que ce soit. Je me reconnais le droit de souffrir de ton absence.

J'étais heureuse de rencontrer d'autres femmes qui ont abondé dans mon sens.

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