Croyances et espérance

Mon père, ma mère et moi sommes arrivés un peu avant 9h00. Une deuxième messe était prévue pour toi ce matin. Il y a quelques jours, ta maman me disait qu'elle n'assisterait à aucune. Elle ne croit pas à toutes ces choses. C'est curieux, il y a quelques jours je lisais sur Internet que les protestants ne rendent pas de culte à leurs morts. Désormais dans l'amour de Dieu, c'est eux qui intercèdent pour les vivants et non l'inverse. Cette idée m'avait plu et rassurée. Elle me paraissait logique aussi. Nous, vivants, sommes plus à plaindre que nos défunts qui sont dans le Royaume de Dieu. Il se trouve que ta maman m'a parlé de cela. Elle aussi l'avait lu quelque part.

Cependant, j'ai besoin de ces rituels. Je me sens bien à la messe et j'ai plaisir à entendre prononcer ton nom parmi tous les fidèles réunis. J'aime allumer des cierges à ton intention. Peut-être que cela n'a aucune incidence sur toi. Peut-être que oui. Je le fais car je ne peux pas faire autrement. Je ne peux expliquer pourquoi. Je me sens apaisée durant l'office. J'aime savoir que dans la journée un moment t'est consacré.

Une  de mes amies musulmanes avait perdu un membre de sa famille. Un jour où nous discutions, elle m'a dit qu'elle se rendait à une fête célébrée en l'honneur de ce défunt. Une fête? Elle m'a expliqué que dans la tradition musulmane, cette fête marque l'entrée du mort au paradis. Au bout de 40 jours, le mort quitte définitivement les vivants et rencontre enfin Dieu. Je me souviens de cela à chaque fois que je me demande si tu es en paix ou si tu es malheureux.

J'aimerais tellement être avec toi. Souviens-toi comme j'étais inquiète chaque fois que tu t'éloignais de moi. «Fais attention à toi» . A chacun de tes départs, c'est la phrase que je me sentais obligé de te dire comme pour conjurer un mauvais sort. Je ne sais pas pourquoi, j'avais toujours peur qu'il t'arrive quelque chose. Notre puce avait fini par sacrifier au rituel elle aussi. «Fais attention à toi» te disait-elle sur le seuil de la porte et tu lui répondais par un grand sourire.

Aujourd'hui encore, je voudrais être sûr que tu vas bien. J'espère que tu as retrouvé ta grand-mère que tu aimais tant, tes cousins disparus avant toi et tous les gens que tu aimais et qui t'ont précédé dans la mort. J'espère que tu es en paix. Que cette sale maladie est restée dans ton corps qui se décompose au cimetière et que maintenant tu es en paix.

J'espère que là où tu es, tu es plus heureux que nous et que tu prends soin de nous.