Petite flamme

J'ai pris la décision de m'accorder une mâtinée rien que pour moi. Je suis allée m'acheter des baskets. Je voulais y mettre le prix car je compte les garder longtemps. L'été dernier, j'avais acheté une paire de tennis vraiment peu coûteuse à La Halle aux chaussures. Elles n'ont pas mis 15 jours avant de commencer à s'effriter. Ces derniers temps, je ne les mettais plus que pour descendre les poubelles ou aller chercher le courrier. A l'époque où j'étais Rmiste, je m'étais acheté une paire de basket de la marque Reebock à 600F. J'avais explosé mon misérable budget mais je l'avais amorti car mes baskets m'ont duré 6 ans. Petit truc de pauvre. Aujourd'hui, j'ai opté pour une paire de tennis Nike à 80 €. Il y en avait de beaucoup moins chères mais qui n'auraient pas fait long feu.

Je me suis achetée des sous-vêtements. Pas facile de faire selon tes goûts mon prince. On trouve très peu de choix en coton dans la lingerie féminine. J'ai fait deux magasins. Dans le premier, j'ai acheté en fonction de moi. J'ai craqué aussi pour une chemise de nuit en broderie anglaise que tu aurais certainement aimée. J'ai fait un deuxième magasin où j'ai trouvé de la lingerie conforme à tes préférences. Tous mes collants sont filés. J'en ai racheté. Je voulais en prendre en couleur mais tu  n'aimais que les collants noirs alors j'ai fait comme d'habitude. Je me doute que là où tu es, ceci doit te paraître dérisoire mais moi j'ai besoin d'une raison pour me lever le matin et notre puce n'est pas là.

Ensuite direction La Fnac. J'ai acheté les numéros 2,3 et 4 de la bande dessinée Aya de Yopougon. Je regrette de ne pas avoir eu le temps de te la conseiller. Je suis sûre qu'elle t'aurait plus. Il y a tellement de choses que je n'ai pas eu le temps de te dire... Bien entendu, je ne pouvais pas ne pas acheter quelque chose pour notre puce. Pour elle, deux livre-disques. Jacques et le haricot magique raconté par Marlène Jobert et Cendrillon son héroïne Disney préféré. Comme elle est fan du DVD Barbapapa qu'elle connaît par cœur, j'ai cédé devant les petites figurines de la famille.

J'étais chargée comme un âne. Au total,  presque 300 € de dépensés. Pourquoi? Pour rien. Rien du tout. Je me suis levée en me disant que ce matin, j'allais me faire plaisir. Tandis que je marchais avec tous mes sacs, un grande fatigue m'a envahie. J'ai cherché en moi ce que je croyais trouver mais je ne l'ai pas trouvé. Perdue cette petite flamme qui illumine notre puce quand elle a envie de quelque chose et quand elle ressent du plaisir. Cette flamme, c'est toi qui l'avait allumée chez moi. C'est toi qui m'avait donné la vie en me donnant le désir de faire des choses et le plaisir de les savourer. Tout cela est mort chez moi. Parce que j'ai touché le fond, j''ai toujours été très économe. Tu me l'avais fait remarquer. Je sais renoncer à beaucoup de choses parce que je pense au lendemain. Je sais aussi de temps en temps, rarement mais cela arrive, dépenser uniquement pour mon plaisir. Cela a toujours été jouissif justement parce que j'ai été une misérable. Le seul sentiment que j'ai ramené à la maison aujourd'hui, c'est une grande déception. Pas pour ce que j'avais acheté mais parce que je n'ai pas ressenti ce que j'étais venue chercher. Ma puce sera heureuse de trouver ses cadeaux. A part mes baskets qui me seront utiles, tout ce que j'ai acheté me laisse complètement indifférente.

Je suis passée à la médiathèque. J'ai pris le livre de Martin Gray, Au nom de tous les miens. Je suis curieuse de savoir comment il pouvait avoir encore confiance en la vie après tout ce qu'il a vécu. Avant de rentrer, j'ai fait une dernière tentative. Je me suis acheté des fraises Tagada. Tu sais que j'adore les fraises Tagada. Même indifférence. Pas de doute, je suis belle et bien morte.

C'est toujours une journée en plus de passée.

Comments

[Mnémosyne]

En te lisant je parcours à nouveau mon "chemin de croix". Je sais où tu en es (humblement dit, bien sûr car tout est différent pour chacun). Je sais qu'un jour on a fini de traverser le désert. Et je sais que ce chemin là fera le sens de ta vie. Alors, il devient Beau vu d'où je peux le voir.

Je n'aimerais pas repasser par là, mais qui sait?

En tous cas, te lire donne envie de t'accompagner car tu te bats avec courage pour avancer, chaque jour. Voilà pourquoi c'est une douce habitude de venir te lire. Ton blog n'est pas triste.

Il est comme une lumière qui grandit, une "aspiration"... . Nous ne sommes pas si nombreux à être traversés. J'en connais peu et c'est de tout coeur que mon amitié (virtuelle mais...) t'accompagne.

Courage Reine. Tu mérites ce "pseudo".

PS :j'ai lu ce Martin Gray ... magnifique ! Ca aide à pleurer aussi mais il y a un autre essentiel. Bonne lecture à toi

[Ta Reine]

Je ne ressens aucune culpabilité à être vivante. Je ne me sens pas coupable d'être en vie mais de ne pas avoir su ou pu retenir l'homme de ma vie, le père de ma fille.
La lecture de Martin Gray ne m'apportera peut être pas de réponse mais comme le livre de Charlotte Valandrey, il m'aidera certainement à relativiser cette idée que les malheurs n'arrivent qu'à moi. Et puis pourquoi ne pas aller puiser dans l'expérience des autres? Pourquoi ne pas aller chercher dans les mots des autres des analyses qui peuvent aider à avancer? Lorsque je regarde les statistiques de mon blog, je constate que parmi les personnes qui le lisent beaucoup sont des habitués. Qu'est-ce qui peut bien pousser certaines personnes à revenir régulièrement lire un blog comme le mien qui n'a absolument rien de gai?

[jany]

...rien que d'en avoir eu envie prouve que vous êtes vivante
après c'est la culpabilité d'être en vie qui vous empêche d'en profiter (elles sont belles ces lingeries)
et après ...
la recherche dans le malheur des autres (gray )ne vous aidera pas à trouver des réponses
il n'y a que votre energie, la petite puce, qui pourront y faire quelque chose
et puis essayer...je dis bien essayer quelques lectures plus gaies
courage

[Minoc]

Une journée de plus de passée, cette dernière a été bien occupée et vous avez réussi a vous faire plaisir.
Après coup, si vos achats vous laissent indifférente, ils vous aideront à vous lever le matin, à avoir envie d'être bien, d'être jolie, pour vous, pour votre fille. On se rattache à pas grand chose !
Après le temps où plus rien n'a d'importance, où l'on s'arrache du lit en rassemblant le peu d'énergie qui nous reste, où l'on s'habille sans réfléchir de tenues composées sans plaisir... vient le temps de la petite flamme qui nous dit que nous sommes encore vivantes, que nous pouvons avoir du plaisir à porter un habit qui nous plait, à mettre un peu de rouge sur nos lèvres, de parfum... pour nous, pour les autres.
Vous y arrivez , Reine, continuez, votre Prince est fier de vous...avec l'arrivée du printemps c'est plus facile aussi.
Je vous embrasse et pense à vous.