Meilleurs vœux
Retour au boulot. Échanges naturels des premiers jours de janvier. Bises obligatoires. Sourires de circonstances. Normal, seule une collègue est au courant. Les autres ont certainement vu mon alliance et doivent penser que chaque soir je pars rejoindre un mari. Ils ne savent pas que désormais ta demeure est en moi, que je t'emmène partout où je suis, de jour comme de nuit.
- Beaucoup de sexe, beaucoup de pognon
- C'est un joli programme, j'y veillerai, on me l'avait jamais faite celle-là !
Tout le monde éclate de rire. Tu as toujours été étonné par ma capacité à ne pas me laisser décontenancer. Le fait est que mon collègue vient de prononcer deux mots qui me sont étrangers. Je ne les comprends presque plus. Tu riais lorsque, de temps en temps, je jouais au loto. Il est vrai que c'était toi qui me rappelais que je devais regarder les résultats. Du pognon, oui, j'en ai besoin mais juste pour que notre puce et moi ayons un toit, pour que nous puissions manger à notre faim, pour qu'elle puisse faire des études correctement. Je voudrais qu'elle ait une enfance heureuse mais pour cela, nous n'avons pas besoin d'être riches. Je dois faire avec un salaire en moins. Je dois surtout faire avec un papa en moins et un amoureux en moins. Vu sous cet angle, je suis plus que misérable.
Le sexe? Quel mot étrange. Il appartient à un monde que j'ai oublié. Dans le monde où je vis, ce genre de plaisir n'existe plus. As-tu une vie sexuelle là où tu es? Le sexe existe t-il après la mort? Emportons nous notre libido dans notre tombe ? En tant que morte dans ce monde-ci, je suis à la recherche d'autre chose. Toutes mes pensées, tous mes désirs sont tournés vers ce monde où tu es. Attends-moi, je viens.