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A mon prince disparu
A mon prince disparu
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11 février 2010

Quoiqu'il arrive

Même t’écrire me parait une épreuve. Pourquoi ai-je créé ce blog ? Une impulsion subite, un soir d’insomnie. A quoi cela sert-il si ce n’est à répéter inlassablement les mêmes choses ? T’écrire tous les jours que ma vie est devenue un enfer depuis que tu es parti, que la violence de ta mort me fait faire des cauchemars, que je souffre pour notre fille qui grandira sans toi, que me coucher seule dans notre lit est une épreuve, que rêver de toi me fait mal quand je me réveille, que je dois faire un effort pour me lever le matin, d'autres efforts pour tenir à chaque fois une heure de plus, pour sourire, plaisanter, faire les courses, manger. Chaque jour est un combat. Je me lasse de t'écrire sans arrêt les mêmes choses.

Je m’accroche à la religion comme à une bouée de sauvetage. Cela fait des semaines que je ne suis pas allée à la messe. Pour l’instant, Guy Gilbert et Radio Notre-Dame me donnent de l’Espérance. Je veux croire que tu es vivant et que tu as déposé ton fardeau. Je veux croire qu’il y’a un Dieu d’amour pour les désespérés comme moi. Malheureusement, cette Espérance commence à s’épuiser aussi. Si le monde est tellement meilleur là où tu es, pourquoi resterai-je dans celui-là ?

Ras le bol des injonctions morales et culpabilisantes du type « De toutes façons, t’as pas le droit de craquer », « Il faut que tu tiennes, t’as pas le choix ». Prenez donc ma place et vous viendrez me lire mes droits ensuite. Quel juge pour enfant me mettra en prison parce que je suis à bout ? Quel psy osera dire que je suis coupable de m’effondrer après le suicide d’un proche ? J’ai prévenu la galerie que je me reconnaissais le droit d’être faible et de pleurer même devant ma fille. Je leur ai expliqué que je n’étais pas un robot et que me blinder, faire comme si il ne s’était rien passé, était encore plus dangereux psychologiquement que de vivre mon deuil pleinement. Dangereux pour moi et aussi pour ma puce. Par conséquent, je ne veux plus entendre d’idioties.

Il n’y a rien de plus égoïste que de faire un enfant. Nous nous sommes fait plaisir toi et moi en ayant notre puce. Était-ce un cadeau à lui faire que de la faire venir dans ce monde ? Quoiqu’il arrive, elle connaîtra la souffrance et le manque parce que c’est notre lot à tous, pauvres mortels. Quand je la regarde, je me demande ce que la vie va encore lui réserver. Combien de fois a-t-elle dit à qui voulait l’entendre « Moi, mon papa, il est mort » ? Elle connaît bien le regard gêné des adultes et le silence qui va suivre lorsqu’elle lâche cette phrase. Elle n’a pas encore compris ce que représente ton cercueil mais elle sait que dire que tu es mort est comme lâcher une bombe.

Qui y a t-il d’intéressant dans cette vie ? L’Homme passe son temps à essayer d’oublier que de toutes les façons il va mourir. Il occupe son temps avec des illusions de bonheur. Ce que, moi-même, j’ai fait durant des années : danse, cinéma, lecture, …L'Homme remplit aussi sa journée en emmerdant les autres : chercher des querelles, se battre, faire du mal, médire. Le sadisme est en l’Homme parce qu’il faut bien qu’Il se croit immortel. Le meilleur mécanisme de défense que l’Homme ait trouvé pour oublier qu’Il va mourir est de se croire tout puissant. Je possède des biens matériels, j’ai du pouvoir, je peux te détruire, te faire souffrir. A côté de cela, d’autres Hommes de bonne volonté essaient de soulager tant bien que mal la souffrance qui frappe à toutes les portes. Au final, nous avons tous une boite en pin ou en chêne qui nous attend. Nous redeviendrons tous poussière. Alors maintenant ou plus tard, quelle importance ?

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Commentaires
Q
Bonjour...j'ai decouvert ton blog un peu par hasard, et je me permet aujourd'hui d'y mettre un petit mot (je checkais le mien, et me suis rendue compte que j'avais plein de nouveaux visiteurs, mais pas de messages...alors, je me suis souvenue que moi non plus je ne laissias pas tjs de messages la ou je passe)<br /> J'ai ete, et le suis toujours, touchee par ton blog...<br /> Mon papa est mort, suicide, alors que j'etais une petite fille, et je me souviens de ma maman, n'arretant pas de travailler, de courir, pour subvenir aux besoins de la famille, et faire que la vie continue...Je lui tire souvent mon chapeau, mais je me dis aussi que peut etre, elle n'a pas eu le temps, pas pris le temps, de faire le deuil de son mari...et c'est dommage...<br /> Quand je lis tes angoisses vis a vis de ta petite fille, je te comprends...et l'ayant vecu moi meme, ce que je peux te dire, c'est que oui, la vie continue, meme si on pense que non, et on apprend a grandir, a evoluer sans la presence de ce papa qui manque beaucoup, mais qui quelque part, est toujours avec nous...<br /> Perdre un etre si cher, c'est terriblement dur, difficile, et tellement injuste...<br /> Mais sa presence en toi te rendra encore plus forte pour affronter le futur...et pour reprendre le comm' de Niny...ta fille, c'est ta joie, et toi, tu es la sienne...et sa force!<br /> Je t'embrasse, et espere ne pas t'avoir importunee.
T
Toutes mes excuses Niny, mon message ne vous était pas du tout adressé. (J’aurais répondu directement à votre commentaire). Ces phrases, je les ai malheureusement entendues telles quelles par mes proches qui - j’en suis sûre- pensent m’aider avec leurs injonctions. C’est à eux que j’ai répondu verbalement, il y’a peu de temps encore, que je me reconnaissais le droit d’être faible. Ils ont opiné mais je sais qu’ils pensent le contraire : mes devoirs de mère doivent passer avant mes ressentis. Je me suis lâchée sur mon blog, sans me rendre compte que certains d’entre vous pouvaient prendre mes propos pour eux. J’aurais du être plus précise, désolée. J’y penserai la prochaine fois que j’aurai un coup de grisou. Je vous laisse car je vous écris de mon lieu de travail et je ne suis pas très à l’aise avec cela. A bientôt, je l’espère.
N
Je n'ai jamais pensé que vous n'aviez pas le "droit de craquer", j'ai simplement dit que quels que soient les obstacles et les douleurs rencontrées au jourd'hui, il y a un jour où vous vous rendrez compte que vous êtes passée de "l'autre côté", que vous recommencez à vivre, même si cela vous semble évidemment inconcevable aujourd'hui. Enfin en tou cas je vous le souhaite. Et quand je disais que votre parcours et votre force rendront votre puce fière de vous ça ne suggérait pas de jouer les "rocs", au contraire. Soyez comme vous êtes. <br /> <br /> "Il n’y a rien de plus égoïste que de faire un enfant"<br /> <br /> Pardon pour ce qui va suivre, mais justement. La clé est dans votre phrase. Vous avez pensé à vous à un moment. A votre bonheur d'avoir un enfant. Et bien pensez à elle, à présent. A son bonheur d'avoir une maman...
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