Pièce en deux actes
Acte I
Une enfance faite d’humiliations, d’insultes,
d’accusations
mensongères, de corps meurtri. Tenir dans l’espoir qu’à l’âge adulte,
le
cauchemar se terminera. Une adolescence identique auquel s’ajoute la
perversion
au moment de la puberté. Le repli sur soi-même. Ne rien dire, ne pas
parler par
peur des représailles. Fuir les autres pour qu’ils ne sachent pas. Quoi
de plus
terrible lorsque l’on est adolescent que d’être différent ? Ne pas être
dans la norme mais ne pas pouvoir dévoiler les secrets familiaux. Tenir
en se
disant qu’un jour…
20 ans. Connaître le pire de la souffrance corporelle et
psychique. Chercher de l’aide. Elle marquera les limites. Le supplice
s’arrêtera
mais les séquelles psychologiques restent. Sombrer. Faire de mauvaises
rencontres. Souffrir encore et toujours. Finir par croire que c’est
normal. Que
l’on est maudite. Qu’on l’a mérité. Dans un dernier sursaut, y croire
une
dernière fois. Se sauver. Dernier essai.
Acte II.
Reprendre des études. Te rencontrer. Se laisser apprivoiser. Laisser tomber ses dernières résistances. La vie change tout à coup. Connaître l’amour pour la première fois. Aimer et être aimée. Etre respectée. Tout te dire par honnêteté. Tu m’en veux. « J’aurais préféré ne pas savoir ». Mes peurs et mes insomnies nocturnes te deviennent pourtant compréhensibles. Pour toi, aller voir un psy, puis un sophrologue. Se réapproprier son corps dont on a été dépossédée. Se dire que l’on a le droit d’être respectée. Le droit d’être heureuse. Entendre parler de ta souffrance et de tes anciennes tentatives de suicide qui ressemblent davantage à des appels à l’aide. C’est fini. Tu vois un psychiatre et une psychanalyste. Tu veux t’en sortir. Tu vas t’en sortir. Nos vies sont différentes mais nous nous ressemblons. Nos souffrances passées nous rapprochent. Découvrir ta famille, une famille « normale ». Pas parfaite, juste « normale ». Pour la première fois, avoir envie d’en fonder une à son tour. Devenir ta femme. Porter ton enfant. Malgré quelques épisodes dépressifs, tu vas mieux. Je te porte et t’aide à avancer comme tu le fais pour moi. Nous parlons de notre deuxième bébé. Nous l’oublions. Nous en reparlons. La vie est belle. Ensemble, nous y arriverons. Pour nous deux, pour notre puce. Le soleil est dans ma vie. Tu es ma récompense après des années de souffrance. Ma consolation. « Après la pluie vient le beau temps ».Notre puce est délicieuse. Elle a fait naître en nous un sentiment que nous ignorions tous les deux : la fierté. Toujours cette peur en moi. Peur que cela s’arrête. Tu me rassures. « Non, tu n’es pas maudite ». C’est vrai. Si je l’étais, je ne t’aurais pas rencontré, notre puce ne serait pas née. J’étais morte. Notre puce et toi m’avez ressuscitée. Ma psychanalyse est terminée. Mon passé est ce qu'il est, je ne peux le changer. Je dois vivre au présent et penser à l'avenir.
14 septembre 2009 : « On l’a retrouvé. Il est mort ».
Rideau.