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A mon prince disparu
A mon prince disparu
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18 février 2010

Pièce en deux actes

Acte I
Une enfance faite d’humiliations, d’insultes, d’accusations mensongères, de corps meurtri. Tenir dans l’espoir qu’à l’âge adulte, le cauchemar se terminera. Une adolescence identique auquel s’ajoute la perversion au moment de la puberté. Le repli sur soi-même. Ne rien dire, ne pas parler par peur des représailles. Fuir les autres pour qu’ils ne sachent pas. Quoi de plus terrible lorsque l’on est adolescent que d’être différent ? Ne pas être dans la norme mais ne pas pouvoir dévoiler les secrets familiaux. Tenir en se disant qu’un jour…

20 ans. Connaître le pire de la souffrance corporelle et psychique. Chercher de l’aide. Elle marquera les limites. Le supplice s’arrêtera mais les séquelles psychologiques restent. Sombrer. Faire de mauvaises rencontres. Souffrir encore et toujours. Finir par croire que c’est normal. Que l’on est maudite. Qu’on l’a mérité. Dans un dernier sursaut, y croire une dernière fois. Se sauver. Dernier essai.

Acte II.

Reprendre des études. Te rencontrer. Se laisser apprivoiser. Laisser tomber ses dernières résistances. La vie change tout à coup. Connaître l’amour pour la première fois. Aimer et être aimée. Etre respectée. Tout te dire par honnêteté. Tu m’en veux. « J’aurais préféré ne pas savoir ». Mes peurs et mes insomnies nocturnes te deviennent pourtant compréhensibles. Pour toi, aller voir un psy, puis un sophrologue. Se réapproprier son corps dont on a été dépossédée. Se dire que l’on a le droit d’être respectée. Le droit d’être heureuse. Entendre parler de ta souffrance et de tes anciennes tentatives de suicide qui ressemblent davantage à des appels à l’aide. C’est fini. Tu vois un psychiatre et une psychanalyste. Tu veux t’en sortir. Tu vas t’en sortir. Nos vies sont différentes mais nous nous ressemblons. Nos souffrances passées nous rapprochent.  Découvrir ta famille, une famille « normale ». Pas parfaite, juste « normale ». Pour la première fois, avoir envie d’en fonder une à son tour. Devenir ta femme. Porter ton enfant. Malgré quelques épisodes dépressifs, tu vas mieux. Je te porte et t’aide à avancer comme tu le fais pour moi. Nous parlons de notre deuxième bébé. Nous l’oublions. Nous en reparlons.  La vie est belle. Ensemble, nous y arriverons. Pour nous deux, pour notre puce. Le soleil est dans ma vie. Tu es ma récompense après des années de souffrance. Ma consolation. « Après la pluie vient le beau temps ».Notre puce est délicieuse. Elle a fait naître en nous un sentiment que nous ignorions tous les deux : la fierté. Toujours cette peur en moi. Peur que cela s’arrête. Tu me rassures. « Non, tu n’es pas maudite ». C’est vrai. Si je l’étais, je ne t’aurais pas rencontré, notre puce ne serait pas née. J’étais morte. Notre puce et toi m’avez ressuscitée. Ma psychanalyse est terminée. Mon passé est ce qu'il est, je ne peux le changer. Je dois vivre au présent et penser à l'avenir.

14 septembre 2009 : « On l’a retrouvé. Il est mort ».

Rideau.

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Commentaires
T
Vous avez écrit avec vos propres mots ce que je pense. La mort de mon amoureux est effectivement un sacrifice. Il s'est tué parce qu'il souffrait trop mais aussi parce qu'il ne voulait pas être un boulet pour moi et ni un "mauvais père". Ce sont les termes quil a employé 4 jours avant de quitter notre maison. Je lui parle et lui écrit car je suis persuadée qu'il est encore vivant, sous une autre forme. Tout cela ne suffit pourtant pas à atténuer la souffrance due à son absence.
M
je ne sais pas si je trouvais les mots devant tant de souffrance ... j aimerai tant apaiser votre chagrin ... malgré toutes les épreuves qui ont été votre vie jusqu'ici ... une belle lumière a brillé ... votre ami a traversé cette vie pour vous offrir ce cadeau de la vie qu est votre fille ... c était sa mission vous faire ce cadeau ... vous devait le prendre ainsi ... sa souffrance était trop grande pour ajouter son poids ... il n est pas parti pour vous faire mal mais il est parti pour ne pas vous faire mal ... c dur a comprendre mais je le pense ... en restant et en partageant sa souffrance il vous aurait certainement aussi fait mal ... c son absence qui est dure mais il n est pas absent il est là ... pres de vous ... a travers votre fille tout d abord ... a travers les merveilleux souvenirs que vous gardez ... Il est là aussi je pense prés de vous ... un infime souffle a votre côté ... demandez lui de l aide de temps en temps pour vous aider ... il sera là ... chaque fois que vous souriez il est heureux ... il est pres de vous ... a chaque fois que vous riez avec votre fille il est heureux ... laissez faire le temps ... lui seul apaisera votre chagrin ... je vous embrasse tendrement ... marie
T
Je suis sincèrement convaincue et ce depuis mon enfance que le sort s'acharne sur certains d'entre nous. Votre commentaire et le récit que vous faites de votre vie ne fait que confirmer mes pensées. Pourquoi nous? Je me poserai toute ma vie cette question en étant persuadée que je n'aurais pas de réponse, du moins pas dans cette vie. Une lumière qui brille pour nous? En ce qui me concerne, j'y crois mais pas pour ce monde là. J'espère en un autre monde où mon prince a enfin trouvé la paix et où je le rejoindrai. J'espère qu'un jour, ailleurs, dans cet autre monde, mon calvaire sera fini.
M
ça me fait mal de vous lire, la vie ne vous a pas gâtée, une enfance pénible... la mienne n'a pas été super non plus, orpheline de mère à 3 ans... j'ai pourtant nagé dans le bonheur en construisant ma famille.<br /> Tout s'est brisé avec l'envol de mon fils aîné. <br /> Je me demande si le sort ne s'acharne pas sur certain comme nous... qu'avons nous fait pour mériter cela... je sais qu'il y a du malheur partout mais pour certain un peu plus.<br /> Pourtant j'essaie de me dire que tout n'est pas foutu, qu'il y a quelque part une lumière qui brille pour nous, il faut seulement y arriver. Soyez courageuse Reine, votre fille éclaire votre vie.
A mon prince disparu
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