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A mon prince disparu
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24 février 2010

Mon jour préféré

J’ai commencé à aimer quand je t’ai rencontré. T’aimer toi, aimer la vie et m'aimer dans une moindre mesure. Tu m’as appris à regarder les beautés de la nature. C’est avec toi que j’ai acheté un appareil photo et commencé à photographier ce que mes yeux n’avaient pas été éduqués à voir. Tu m’as appris à vivre. J’ai osé libérer mon corps par la danse, activité interdite dans ma famille. Un vrai plaisir ! Taper du pied, sauter, virevolter, tendre les bras, les pieds, transpirer, exprimer mes ressentis enfouis, la colère, la révolte mais aussi la joie. Danser pour moi mais d’abord et surtout pour toi mon prince. Tu m’as appris à aimer chaque jour de la vie et à envisager le futur en rose. Même si souvent mon passé revenait me hanter, l’arrivée de notre puce avait transformé le mot « futur » en synonyme de joie et d’espérance.  

Il y a un jour que j’aimais particulièrement et qui me rendait zen et heureuse : le vendredi. Ce jour annonçait le week-end et la perspective de passer deux jours entiers et une soirée avec vous. Le vendredi était mon jour préféré. Nous n’avions plus d’obligations, nous vivions à un rythme différent. Nous programmions des sorties. Nous restions à la maison. Nous recevions, nous rendions visite, nous vivions... C'est un vendredi que tu as quitté la maison pour ne plus jamais y revenir.

J’aime le vendredi parce que pendant deux nuits, notre puce a le droit de dormir dans notre lit. C’est censé être sa récompense, c’est en réalité la mienne. J’aime le vendredi parce que toutes les deux, nous allons avoir deux jours entiers et une soirée à remplir ensemble, en compagnie d’autres personnes ou non, mais ensemble.

Depuis peu, il y a aussi un autre jour de la semaine que j’aime plus que les autres. C’est le mercredi. J’aime le mercredi parce que le soir, à partir de 22h, j’allume mon poste sur Radio Notre-Dame et j’écoute Guy Gilbert. Tous les sujets traités ne m’intéressent pas mais j’y trouve à chaque fois une phrase, un mot, un message qui me rappelle que tu es heureux là où tu es et que je dois garder espoir. A chaque fois que j’entends ce prêtre des loubards, mon cœur sourit et je m’imagine à mon tour dans ce lieu où tu es. Guy Gilbert me rappelle que mon séjour ici n’est que passager et qu’en attendant le jour où je te rejoindrai, je dois accomplir la mission qui m’est donnée : aimer. Alors je pense à notre puce, au manque d’amour dont j’ai souffert et je me souviens que notre amour s’est concrétisé en elle et qu’il continuera à perdurer tant qu’elle vivra et sera heureuse.

On « bouffe du curé » sur mon lieu de travail. Chaque jour, les salariés se sentent obligés de critiquer, d’insulter et de mépriser « les cathos », « les curés ». La période de noël a été propice aux blagues et critiques de tous genres. L’incompréhension envers la foi des Haïtiens qui continuent à croire alors qu « ils n’ont pas besoin de ça », a éveillé un sentiment général de pitié envers « ces pauvres gens ». En cette période de carême, tout le monde est déchaîné envers ces pauvres « débiles » qui jeûnent. Nous sommes deux « débiles » au travail à comprendre ce qui peut animer nos frères Haïtiens. Nous avons été toutes deux choquées lorsque notre directrice, la plus déchaînée d’entre tous, a envoyé à toute l’équipe une blague dans laquelle un curé ivre tenait des propos salaces, grossiers voire orduriers. Il se trouve que nous aimons rire de tout et je pense que toutes les religions – je dis bien toutes- devraient apprendre à rire d’elles-mêmes et à ne pas se prendre au sérieux. Je suis sûre que Jésus a de l’humour. Pourtant, la grossièreté au travail me dérange et de la part de ma directrice cela me met mal à l’aise. De sa place, je pense qu’elle devrait rester neutre. Je suis pour la laïcité, c’est pourquoi je ne parle pas de mes convictions religieuses au travail et je n’en montre aucun signe. Je pense que la laïcité s’applique aussi pour les athées.

Mercredi dernier, épuisée, je suis allée faire un petit tour dans une salle où se trouve une « bibliothèque ». On y trouve quelques livres professionnels ou des romans récents ou anciens apportés par tout un chacun. Et là, oh surprise ! Que vois-je ? Des livres de Guy Gilbert ! 4 au total et tous provenant de la bibliothèque personnelle de ma directrice. J’en ai parlé à ma collègue débile et nous nous sommes remémoré ce que dit Guy Gilbert sur le jugement que l’on peut porter sur les autres. Du coup, je regarde ma directrice d’un autre œil. Son mépris pour tout ce qui a trait au catholicisme doit avoir ses raisons qui ne me regardent pas et que je ne dois pas juger. J’étais heureuse de trouver dans ce lieu anti-catholique des ouvrages de Guy Gilbert. J’en ai emprunté deux. Décidément, j’ai raison d’aimer le mercredi.

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