Etre fou

Premier jour de vacances. Je me suis accordée une grande grasse mâtinée ce matin. Lever à 9h00. Je traîne un peu bien que je doive profiter de l'absence de notre puce pour faire un maximum de choses.

J'ai commencé par les impôts. Je les avais contacté en octobre pendant mon congé maladie. J'avais pris des notes mais la jeune femme que j'avais eu en ligne n'avait pas l'air de comprendre elle même ce qu'elle me disait. Je m'étais promis de rappeler le moment venu. C'est chose faite. Le jeune homme que j'ai eu aujourd'hui  était clair et patient. La procédure est simple. Je dois faire deux déclarations. Une couvrant la période du 1er janvier au 31 août 2009 et regroupant nos deux salaires. L'autre pour la période de septembre à décembre 2009. Je dois en plus aller les voir début mai afin de remplir un formulaire spécial. Je n'ai pas manqué de te tancer en préparant les documents que j'aurais à apporter. A partir du moment où nous nous sommes mariés, c'est toujours toi qui t'es occupé de cela.

Je me suis ensuite attelée au dossier que je dois monter dans mon affaire contre le Dr. W. Je dois faire un historique de ce qui s'est passé entre le moment où le Dr. L. t'a envoyé aux urgences et le moment où tu es sorti avec l'ordonnance du Dr. W . Je n'ai eu aucun problème à me souvenir des faits. Néanmoins, les écrire de manière à ce que rien ne joue en ma défaveur m'a pris une grande partie de la journée. Il est vrai que j'ai fait une petite interruption pour aller déjeuner.

J'ai pris ma douche aux alentours de 17h. J'ai trainé toute la journée avec ton vieux haut de jogging. Un truc pas très joli, vert bouteille et démodé que tu m'as dit avoir acheté dans une friperie. Moi aussi, j'aime bien cette nippe. Je suis tellement bien dedans. Nous nous sommes souvent chamaillés en rigolant pour savoir qui la porterait. Combien de fois t-ai je dit que je voulais être enterrée avec?

Depuis hier j'ai mal au ventre. Je connais ces douleurs. Ventre gonflé, dur, ballonné, douloureux. Cela apparaît quand je suis stressée ou angoissée mais cela peut survenir sans aucune raison. Hier soir, pour mon dîner en solitaire, je me suis commandé une pizza. J'en ai profité pour prendre aussi du Coca-Cola. Je n'aime pas les boissons gazeuses mais le Coca est celle qu'on donne aux petits quand ils ont mal au ventre.

J'ai décidé d'aller marcher dans l'espoir que ces douleurs allaient disparaître. Cela peut être un bon remède. Parfois au contraire, je n'arrive pas à mettre un pied devant l'autre tant la douleur est intense. J'ai déambulé dans les rues. J'avais toujours mal mais le soleil m'a fait du bien. J'ai découvert des rues de notre ville que je ne connaissais pas. Les connaissais-tu? Durant mon errance, j'ai repensé à la conversation que j'ai eu hier avec ma collègue. Elle m'expliquait qu'elle est athée et parlait avec un réel mépris pour les religions et les croyants. Elle ne comprend pas comment des êtres qui se prétendent intelligents peuvent penser qu'il existe un Dieu au-dessus d'eux. Je lui ai répondu que si je ne crois pas en Dieu, je m'effondre. Que si je veux continuer pour notre fille, je dois croire que nous allons nous retrouver, que tu m'attends, que tu m'entends. Je lui ai dit que de la même manière que je n'essaierai jamais de faire du prosélytisme, j'attendais en retour un respect pour mes croyances même si elles peuvent paraître débiles. Cela l'a calmée. Je crois qu'elle a eu pitié de moi. Mes arguments étaient un peu pathétiques. Elle ne peut pas me prouver que Dieu n'existe pas mais je peux encore moins lui prouver qu'Il existe. On m'a toujours parlé d'un Dieu rempli d'amour et miséricordieux. Ce Dieu m'a pourtant laissé vivre des choses que je ne laisserais jamais subir à ma fille. Je mettrais tout en œuvre pour lui éviter de vivre le dixième de ce que j'ai vécu. «Une femme oublie-t-elle son nourrisson? N'a t-elle pas compassion du fils de ses entrailles? Quand elle l'oublierait, moi je ne t'oublierai pas, Voici: je t'ai gravée sur mes mains; Tes murs sont toujours devant mes yeux.» Esaïe, Chapitre 49, versets 15-17. «Quand les montagnes s'ébranleraient, Quand les collines chancelleraient, Ma bienveillance pour toi ne sera pas ébranlée, Et mon alliance de paix ne chancellera pas, Dit l'Éternel, qui a compassion de toi.» Esaïe, Chapitre 54, verset 10. J'ai découvert ces paroles alors que je n'étais rien, ni psychologiquement, ni socialement. Je venais de mettre un terme à la toute puissance paternelle et j'allais rencontrer le psychopathe. Ces paroles ne m'ont jamais quittée. J'y pense encore aujourd'hui même si je ne vois pas au long de ma vie où se situe l'amour infini de Dieu. Finalement, ma collègue a raison. Il faut être complètement fou pour croire en Dieu.

Comments

[Mnémosyne]

Je ne voyais pas la photo que tu as mise avant de poster mon précédent commentaire. C'est très chouette cette "image". Très.
Sincèrement
M.

[Mnémosyne]

...en passant te lire ce soir. Tu m'as fait sourire ! Oui, il faut être Fou ;) cela me fait remonter une phrase d'Aldous HUXLEY - pourtant un peu décalée par rapport à ce que peut recouvrir la Foi, mais enfin, je te la livre comme ça

"l'expérience n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive" .

Pour moi, Dieu est une expérience ou est d'expérience...

J'espère que tes douleurs passent...