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A mon prince disparu
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19 octobre 2009

Des petits rien

Nous sommes lundi. J'ai presque terminé ce que j'avais prévu de faire pour aujourd'hui. D'une manière générale toutes les démarches que j'ai à accomplir seront ou en cours ou faites quand je reprendrai le travail. Je n'ai fait que cela depuis ton décès. Préparer tes obsèques, gérer les problèmes de succession, prévenir les créanciers, répondre aux amis par mail ou au téléphone, me déplacer pour avoir de l'aide, chercher les moyens de me défendre parce qu'une personne qui se suicide n'est pas considérée comme les autres par les organismes financiers, aller à la poste parce qu'il faut toujours envoyer les papiers demandés en recommandé, retourner à la poste car le principe de toutes ces administrations est de perdre les papiers demandés, s'occuper de notre fille, faire les courses, jouer avec notre fille, lui ouvrir mes bras, être disponible pour elle, lui laisser essuyer mes larmes («c'est moi qui t'essuie les yeux»), etc.

Je suis fatiguée mon prince. Ta mort me fatigue. Physiquement et psychologiquement. Je carbure aux somnifères pour dormir le soir et aux médicaments pour tenir la journée. C'est étrange, n'est-ce pas, aujourd'hui c'est moi qui ai besoin d'un traitement médicamenteux quotidien pour ne pas sombrer. Aurais-je pris ta place? Comme la vie est bizarre.

Chaque jour je me dis «Aujourd'hui, j'aurais dû faire ceci, toi tu aurais dû être là, à  cette heure-ci notre famille devrait être en train de...» Le lundi pour moi, c'était cours de danse. Ce soir, quand je serais rentrée, notre puce serait à table. Elle m'aurait accueillie avec un grand sourire et m'aurait remplie les oreilles avec sa journée d'école. Après l'avoir écoutée, je me serais tournée vers toi et aurais capté ton sourire. Petit bisous du soir, sur tes lèvres. «Ça va?», «Ouais, ça va». Je serais partie quelques minutes plus tard répéter la chorégraphie pour le spectacle de 2010. Je t'aurais retrouvé ce soir devant la TV ou en train de lire sur notre lit. Après ma douche, je serais allée te rejoindre et nous aurions passé un moment ensemble, sans penser au travail ou à notre puce.

Le week-end c'était plutôt médiathèque et piscine, repas dominical -j'adorais cuisiner pour toi le dimanche et rien que pour toi - visite chez les amis, ballade en forêt ou tout simplement au parc du coin.

Regarder la TV ou un DVD, lire un livre l'un à côté de l'autre, toi regardant des vidéos sur You Tube pendant que je me faisais un gommage, toi et notre puce faisant la sieste pendant que je repassais (dans le partage des tâches ménagères, après plusieurs essais, c'est finalement moi qui avais hérité du repassage). Peu importe ce que nous faisions, nous étions ensemble.

Ces petits riens, ces petites choses quotidiennes, notre routine me manquent. Il faudra que je reconstruise une autre manière de vivre pour notre puce jusqu'à ce qu'elle soit en âge de remplir ses journées toute seule. Elle construira sa vie à son tour, avec d'autres personnes, et je lui souhaite tout le bonheur du monde. Alors je pourrais enfin partir. A moins que la vie ne décide que toi et moi soyons réunis avant.

J'attends. Je n'ai plus que cela à faire.

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