Amour
"J'ai l'impression d'avoir attendu l'amour toute ma vie [...] J'ai attendu longtemps avant d'entendre "je t'aime", "je-aime-toi" et personne d'autre. [...]Moi, je voulais des bisous, des chansons, de la fougue pour y croire, ça n'a pas changé. [...] Alors j'ai couru l'amour, comme on cherche un trésor, comme on se cherche, on n'existe pas avant "je t'aime" ".
"Je veux que ma fille soit fière de moi, je veux lui donner l'amour pour qu'elle ne le cherche pas".
Ces paroles je les ai trouvées dans le livre de Charlotte Valandrey. Je suis toujours surprise de lire dans les mots des autres ce que je ressens, ce que je pense. Cela me décentre de ma souffrance ( de mon nombril ?) car je me rends compte que je ne suis pas la seule à souffrir.
Dès mon enfance, j’ai couru après l’amour. J’ai fait mon possible pour être aimée de manière saine par des personnes censées être là pour me protéger. J’ai compris à l’adolescence que je courais en vain. J’ai subi des horreurs pendant des années en serrant les dents, dans l’espoir de jours meilleurs. Un jour mon prince viendra….J’ai fini par me révolter à 20 ans. Dure a été la chute. Des années d’errance ont suivi. Rien de plus facile quand on est au plus bas, à la dérive, que de faire de mauvaises rencontres. LE psychopathe de service a été pour moi. Il m'a prise chez lui pour le pire. J’avais un toit, de quoi manger. En échange, je n’étais qu’un défouloir, un objet à maltraiter et à humilier. Tout recommençait. Ce devait être de ma faute. J’avais certainement quelque chose en moi qui réveillait l’agressivité et la haine des autres. Non décidément l’amour n’était pas pour moi. Je me suis sauvée un samedi après –midi en profitant de l’absence du psychopathe. J’avais pris deux décisions. La première était de reprendre mes études pour trouver un vrai travail. Avec un vrai travail, j’aurais un vrai salaire donc un logement, de quoi m’acheter à manger tous les jours, donc une vie normale. Fini les galères. L’autre décision était toute simple : me blinder. Ne plus chercher à être aimée, respectée, reconnue. Ma vie est ainsi faite que tout cela n’est pas pour moi. Je me souviens du jour où assise dans les transports, j’ai expliqué à Jésus qui prône l’amour que j’avais enfin compris que ce message ne m’était pas adressé. Je renonçais à être aimée. Le mot "amour" n’a jamais existé dans ma famille. On est dans le devoir. Il faut sauver les apparences, ne pas casser l’image de la famille idéale. Ce qui se passe à la maison doit rester à la maison. Quant au prince charmant, après être passée entre les griffes du psychopathe, un seul mot d'ordre : adieu les hommes. Je me souviens de ce jour là. J’étais soulagée en parlant au Christ. Je n’attendais rien du côté de l’amour, tout du côté professionnel. La vie serait ainsi plus facile. Je t’ai rencontré mon prince, quatre heures après être descendu du wagon .
Pendant 8 ans, j’ai remercié Dieu, Jésus et tous les anges du paradis de notre rencontre. Tu étais mon porte-bonheur. Portée par toi, j’ai réussi tous mes examens. Avec mon diplôme, j’ai pu postuler à un poste de cadre, accéder à un salaire fixe et à des congés payés. Comme le renard du Petit prince, notre livre préféré, tu m’as apprivoisée. Je n’avais plus peur d’être aimée, c’était tellement beau. C’était tellement facile de t’aimer. Donner et recevoir. Je suis entrée dans ta famille. Une vraie famille normale, avec ses querelles, ses angoisses et tellement d’amour à partager. J’avais l’impression de rêver. Le summum du bonheur est arrivé avec la naissance de notre fille. Je planais, je volais avec pourtant la peur de me scratcher. La vie était soudainement devenue belle. Est-ce que cela pouvait durer éternellement ? Non bien sûr. Pas pour moi. Ce que je craignais est arrivé. Je me suis retrouvée à nouveau par terre avec cette fois la responsabilité de notre petit bout. C’est pour elle que j’ai peur. Si un nouveau malheur m’arrive – ce qui normalement devrait être le cas - elle devra elle aussi en subir les conséquences. J’ai fini de rêver. Je n’ai plus de projets. Je ne désire plus rien, juste sauvegarder le peu que nous avons construit ensemble et notamment l'amour qui existe entre notre puce et moi.