Déni
Une partie de moi n'a pas accepté ta mort. C'est très étrange. Parfois, j'ai l'impression que tu vas rentrer à la maison et que nous allons reprendre notre vie comme avant. Durant quelques secondes, la réalité s'en va de mon esprit et la douleur s'efface. Un sentiment de joie et de paix m'envahit. Puis l'autre partie de moi ressurgit et prend sa place. Tu es mort. Notre vie à deux est terminée. En réalité, je lutte pour que cette partie de moi domine. Je suis beaucoup mieux quand la réalité s'efface de mon esprit mais j'ai peur de perdre pied.
Je comprends ces vieilles dames qui se mettent à parler à leur mari comme s'il était encore en vie. Je comprends comment la réalité peut disparaître et combien on peut se sentir bien dans ce que l'on nomme communément la folie.
Par amour pour notre fille, je ne laisserai pas cette zone de mon cerveau prendre le dessus. Je me battrai pour garder cette douleur. Pour elle, je continuerai à avoir mal et à affronter la réalité. Mais je laisserai toujours une place à ces quelques secondes de bonheur où je suis persuadée que ta mort n'était qu'un horrible cauchemar.