Comme avant
Comment as-tu pu croire que je pourrais continuer sans toi ? Comment as-tu pu imaginer que ma vie sans toi serait plus belle ?
J’ai posé devant toi toutes mes souffrances d’enfant et d’adolescente. Je t’ai révélé mes secrets de famille. Je t’ai dévoilé ce qui se cache derrière les apparences de la « famille idéale ». Mes blessures, mes secrets t’ont heurté. Tu m’en as même voulu de t’avoir raconté mon histoire. Je m’accrochais à toi comme à un rocher. Tu étais ma bouée de sauvetage et encore plus. Tu m’as appris que je pouvais être aimée et que j’avais le droit d’être respectée. Je me sentais sale et immonde. Tu m’as appris qu’il n y a pas de laideur chez les victimes.
Mon prince, tu es venu me réveiller. Tu m’as donné la vie, celle de l’amour, du respect, de la confiance en soi, de la beauté du monde, tout ce dont mes géniteurs m’avaient privé. Tu étais ma réparation, mon espoir, mon avenir, ma vie. Comme la Belle au Bois Dormant, je me suis réveillée. Nous nous mariâmes et nous n’eûmes qu’un seul enfant... La fin de l’histoire est ton abandon.
« C’est comme de se réveiller un matin sans sa jambe droite et sans son bras droit. Tout le monde nous crie qu’il faut continuer, que ça va s’arranger, qu’au bout d’un certain temps, la vie redeviendra belle comme avant et on recommencera autre chose. On écoute sans rien dire parce que l’on sait qu’apprendre à n’utiliser que son bras gauche et sa jambe gauche prendra un temps infini et que rien ne sera plus jamais comme avant. On ne peut pas revivre comme avant même avec des prothèses. Les prothèses, on les accepte ou pas, mais quoi qu’il arrive, on a perdu une partie importante de soi qui fait que rien ne sera plus jamais comme avant» C’était pendant les dernières vacances. Ta maman a hoché la tête en silence. Que pouvait elle me répondre ? Même si elle ne le dit pas, je sais qu’elle vit la même chose.