30 mars

Hier, nous étions le 30 mars. Encore une date qui nous appartient. Il y a 9 ans à cette même date, nous avons échangé notre premier baiser. Nous étions amis jusqu'alors même si toi, tu avais déjà d'autres vues. Tu m'avais invitée à diner chez toi. J'étais arrivée en retard parce que, devant la bouche de métro, j'avais rencontré le psychopathe qui m'avait martyrisé pendant trois ans. Pendant que j'essayais de m'en dépêtrer, toi, tu m'attendais nerveusement. Je n'ai rien oublié de cette soirée.

J'en avais été malade le lendemain. Découvrir que tu me regardais comme un homme regarde une femme et pas seulement comme une amie m'avait donné des douleurs au ventre. Je t'avais laissé m'embrasser alors que je m'étais juré de ne plus jamais laisser un homme s'approcher de moi. Je craignais d'avoir fait une bêtise. J'avais peur de le regretter, que cette histoire me fasse à nouveau souffrir...

Referais-je encore la même chose en connaissant l'issue fatale? Quand je repense aux huit années de bonheur que j'ai connu avec toi, malgré ta maladie, je réponds oui. Quand je regarde notre fille, je réponds oui. Quand je vois mon état actuel, je me pose la question. Quelle aurait-été ma vie si je m'en étais tenue à mes engagements, «Pas d'homme pour ne pas souffrir»? Pendant 9 ans, je n'ai jamais regretté de t'avoir cédé. Aujourd'hui, je regrette que nous n'ayons pas eu droit de vivre notre histoire jusqu'au bout. Pourquoi nous? Pourquoi dois-je toujours être malheureuse?

J'ai touché le bonheur du doigt. Aujourd'hui je suis fatiguée, mon prince.