Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A mon prince disparu
A mon prince disparu
Derniers commentaires
15 avril 2010

Te conjuguer au présent

Grosse fatigue aujourd’hui. Peut-être parce que je suis en vacances la semaine prochaine. Je boucle mes derniers congés. Du coup mon moral en prend un coup. J’ai le blues.

Ce matin, je prends le temps de prendre un petit-déjeuner avec mes collègues. Il n’ y a que des femmes autour de la table. On plaisante, on rit, on mange et chacune avale qui son café, qui son thé. La conversation dévie sur le mariage. La majorité de mes collègues est divorcée et élève seule un ou plusieurs enfants, presque tous adolescents ou jeunes adultes. Les rires fusent. « J’étais habillée en meringue », « J’avais un gros nœud rose genre bonbon, tu vois », « Oh la tête de mes parents et de mes beaux-parents quand ils m’ont vue ! », « T’en as fait quoi de ta robe ? », « Je l’ai jetée. Pourquoi tu l’as encore toi ? », « Oh non ! ». « Je voyais pas l’intérêt de me marier », « T’étais quand même un peu d’accord, non ? », « Non, vraiment,  j’en voyais pas l’intérêt, je ne vois pas ce que ça m’aurait apporté de plus. C’était juste l’idée de faire la fête »…

Derrière tous ces rires, j’imagine la souffrance de la séparation. Est-ce que je serai aussi ironique dans quelques années ? Est-ce que je balaierai par mes plaisanteries ce que nous avons construit ensemble, nos rêves, nos projets ? J’en doute mais nul ne sait comment ma souffrance évoluera ni quels mécanismes de défense j’aurai mis en place.

Ma robe de mariage est pliée dans son emballage plastique pour ne pas l’abîmer. Je la voulais sobre. Tu m’avais trouvée « magnifique ». Nous nous étions promis de porter à nouveau nos vêtements de fête pour nos dix ans de mariage. « Comme ça, on verra si on a grossi ou pas. » J’ai apporté ta chemise, ton gilet, ton costume et tes chaussures de mariage aux Pompes Funèbres pour que l’on t’enterre avec. Je voulais que tu sois beau dans ta dernière demeure. J'ai simplement gardé ta lavallière pour que l'on m'enterre avec. Je garde ma robe précieusement pour honorer notre promesse.

En fin de mâtinée, je discute avec les jeunes filles de l’accueil. Elles ont à peine 20 ans et parlent de vacances, de mers chaudes, de mers froides.  Je leur parle de nous. Ton goût pour le froid, mon besoin de chaleur. Cela nous fait rire. Je parle de toi au présent. Ici, je n’ai pas envie d’être ta veuve. Cela finira par se savoir un jour. On verra à ce moment là. Pour l'instant je tiens à te maintenir vivant dans mon discours. Je suis ta femme et j’attends le regroupement familial.

Publicité
Commentaires
H
Bonsoir,<br /> Je vous lis depuis quelques jours... Je viens de lire votre dernier message si sobre et si plein d'amour... Comme je vous comprends... Il est des solitudes souhaitables, voire appréciables, "justifiées", en accord pour laisser toute la place à l'amour de s'exprimer... Comme vous le faites si bien... Il est des solitudes... où quand l'un est mort l'autre pas... Cela lui rappelle un peu la vie...
A mon prince disparu
Publicité
Archives
Publicité